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Peut-on contredire la loi Godwin ?

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Peut-on contredire la loi Godwin ? Empty Peut-on contredire la loi Godwin ?

Message  maverick Dim 24 Aoû - 11:51

Peut-on contredire la loi Godwin ?



Connaissez-vous la loi Godwin ? Si tel n’est pas le cas, je vous conseille de l’apprendre par cœur rapidement, elle fera de vous un gourou de l’internet, admiré sur les forums, vénéré comme un Grand Ancien...

Que dit cette loi ? Elle s’applique traditionnellement aux newsgroups, et par extension à tous les forums en ligne (notamment par le Web) : « Plus une discussion s’allonge sur un forum, plus la probabilité augmente qu’un des participants recoure à un argument basé sur une comparaison avec les nazis, Adolf Hitler ou le IIIe Reich, sur le modèle "vous êtes des nazis..." ». Lorsque cela arrive, on nomme ce message insultant le point Godwin, et la discussion est considérée comme totalement morte. Dans les newsgroups, on décrète que celui qui a eu recours à un tel argument est le « perdant » du débat.

Aussi farfelue qu’elle paraisse, cette loi se vérifie toujours ; un peu de pratique des forums vous en apportera la preuve. La question n’est pas : « est-ce que la loi Godwin est valable ? », mais plutôt : « à quel moment ce forum atteindra-t-il le point Godwin ». L’expérience le prouve, tout forum, traitant de n’importe quel sujet, finit toujours par atteindre son point Godwin ; ça n’est qu’une question de temps. Que l’on cause cinéma, société, philatélie, l’un des intervenants finira systématiquement par en traiter un autre de fasciste. Ca n’est pas loufoque : c’est scientifique !

Dès lors, le débat est mort : on plonge dans l’affectif, l’insulté hurle sa rage parce qu’on l’a traité du pire, celui qui l’a insulté explique ensuite pourquoi il a utilisé cette formule (« peut-être excessive, mais... ») en recourant à toutes les approximations historiques et philosophiques possibles, d’autres intervenants récitent par cœur l’historique du mouvement anarchiste (allez savoir pourquoi, mais ça finit toujours comme ça...), l’outragé raconte sa petite enfance anti-fasciste, etc. À n’en plus finir, et plus personne ne sait de quoi on causait au juste...

Bref, lorsqu’on en arrive à faire des références au fascisme dans un forum, le débat est mort. Le point Godwin définit donc l’engueulade indépassable des newsgroups. Ceux qui lisent l’anglais pourront avantageusement se référer à la FAQ de la loi Godwin.

Mais revenons à notre affaire : l’UEJF et la Licra contre Yahoo. Depuis l’ouverture d’uZine, les messages dans les forums sont d’une grande qualité, longs et construits, argumentés et contradictoires. Sauf sur un sujet : l’affaire Yahoo. Le premier message reçu se termine par la question : « Vouloir démontrer que l’UEJF est facho et plus peut-être que les néo-nazis qu’ils dénoncent, c’est le but de ces articles ? Pourquoi ? ». Si vous avez suivi le début de cet article, vous l’avez remarqué : point Godwin !

Et si, finalement, ça n’était tout le débat autour de l’affaire Yahoo qui était pourri ? Dès le départ, un bon gros point Godwin...

C’est exactement à ce petit jeu que se sont livrés les représentants de l’UEJF et de la Licra. On ne leur reprochera pas de s’y être livré contre Yahoo (après tout, dans un procès, c’est de bonne guerre, et on ne va pas pleurer pour ce fleuron de la nouvelle éconnerie), mais contre ceux qui auraient voulu discuter. On l’a vu, l’intervention de Marc Knobel dans Libération porte dès le départ la discussion sur cette pente dangereuse : il amalgame toute critique à une complicité des fascistes en ligne. Dès lors, le débat est faussé : selon un principe similaire à la loi Godwin, on serait confronté à un débat « fascistes contre justes », et avant de critiquer il faudrait prouver que l’on n’est pas fasciste. L’intervenant est frappé de terreur avant de prendre la parole. Tout débat se limite à savoir « qui est le plus facho des deux » ? Le participant à notre forum commence ainsi très fort : « plus facho que les néo-nazis », il faut tout de même se lever tôt...

De ce fait, on ne peut se contenter de dialoguer sur ces bases totalement biaisées, il faut reprendre depuis le début, et rappeler pourquoi on doit critiquer, ou au minimum discuter, cette affaire UEJF et Licra contre Yahoo.

Le discours

Puisque nous venons de l’évoquer, commençons par cela : le discours extrêmiste, bourré d’amalgames et d’approximations techniques, relevant plus de la propagande répressive que du débat raisonné.

On rappelera Marc Knobel, dans Libération, dont les amalgames permettent d’interdire totalement la discussion et la critique, les propos incendiaires (dont il a l’habitude) de Stéphane Lilti, avocat de l’UEJF, dont on finit par ne plus croire qu’il s’agit d’une simple provocation (« Si on ne peut pas filtrer, alors qu’on éradique ! » - sur Legalis, il amalgamait allègrement les affaires Faurisson, Costes et Estelle/Altern...), ou encore les explications pour le moins embrouillées de Marc Lévy, avocat de la Licra (nous avons assisté de sa part, au cours d’une conférence, à un exposé de contrevérités et d’approximations sidérantes d’une rare exemplarité).

Si nous évoquons les suspiscions de censure sur les forums de l’UEJF, c’est dans cette même logique : les questions précises sont systématiquement occultées, afin d’éviter justement d’aborder les véritables questions. Des 10 questions de Laurent Martinez, on ne retiendra rien, pour mieux se concentrer sur l’inutile et stérile débat « justes contre fascistes ».

Réfuter systématiquement, parfois par anticipation, les véritables questions, afin d’annoncer, non sans danger, que l’on attend de la justice « une réponse morale à une question morale » (Libération). Manière de provoquer et de maintenir un « point Godwin » permanent.

Le vrai débat

Morale contre morale, fin de la discussion. Puisqu’il faut le rappeler, voilà le fondement moral : nous sommes bien tous « contre » les sites fascistes, contre les néonazis, contre les négationnistes.

Plus personne dans ce débat n’a à faire la preuve de ses convictions antifacistes. Que l’on souhaite la disparition des tarés partisans du surhomme aryen, des ordures suprématistes, et plus encore des intellectuels et des politiciens qui orchestrent cette saloperie raciste et extrêmiste est notre but commun à tous.

Là n’est donc pas le débat. Il ne s’agit aucunement d’un débat : « antifascistes contre fascistes ». La question est foireuse, et accuser Yahoo (comme auparavant Costes) d’être objectivement des nazis relève de la même fumisterie.

Et, mieux encore, il ne s’agit pas non plus d’un débat « liberté absolue contre répression totale ». Il ne s’agit pas de défendre un « non-droit » sur l’internet, où un laisser-aller absolu (qui ne profirait qu’aux plus forts, et en particulier aux marchands), contre les vélléités liberticides d’antifascistes. Personne ne considère l’UEJF et la Licra liberticides simplement parce qu’ils luttent contre les néonazis et les antisémites ; au contraire, pour cela, ils mériteraient toute notre sympathie (s’il n’y avait leurs propos extrêmistes).

Le problème est indirect : il s’agit de s’interroger sur les effets liberticides que pourraient avoir les solutions au problème posé, si ces solutions étaient prises dans l’urgence. D’où l’importance, non d’un procès où l’on réclame une « réponse morale » (car la réponse morale est claire : les nazis, c’est pas bien...), mais d’un vaste débat démocratique sur les moyens que l’on veut se donner pour éviter l’émergence des mouvements néofascistes. C’est là que se trouve le débat, et là que l’action contre Yahoo est criticable.

Tout le fond de l’affaire se résume à une question : « Quel prix, en terme de sacrifice de nos libertés, sommes-nous prêts à payer pour lutter contre les expressions racistes et antisémites ? » Nous sommes tous engagés dans cette lutte, mais jusqu’à quel point cette lutte doit-elle entraver l’exercice démocratique des libertés ? (ici, en particulier, de la liberté d’expression).

Condamner d’avance un usage démocratique de l’internet

Nous pensons que l’internet peut (et doit) être un formidable outil de promotion de la démocratie. En France, et dans tous les pays en voie de démocratisation. La démocratie étant le meilleur moyen d’éviter l’émergence des mouvements néofascistes, et de leurs théories. Conclusion : l’internet, en favorisant la démocratie, peut contribuer à lutter contre les extrêmismes.

Or le combat pour un internet au service de la démocratie est tout sauf gagné. Les marchands martèlent qu’il n’est qu’un outil de consommation, et les discours répressifs à base de pédonazis (par exemple lorsque Libération compte les croix gammées en ligne, ou lorsque Marc Knobel prétend qu’il n’y a pas de sites contre la haine) visent à cantonner les citoyens dans ce simple rôle de consommateurs.

C’est le premier danger de l’action de l’UEJF et de la Licra : en abondant dans le sens de la dramatisation pédonazie, ces associations contribuent à effrayer le citoyen, et le découragent de participer via le réseau à la vie démocratique. À force de répéter que, sur le réseau, il n’y a que des pédophiles et des négationnistes, qui voudrait encore s’y exprimer ?

Le problème de la censure transnationale

L’action de l’UEJF, à l’origine, est très intéressante : elle rappelle les différences de législations, même entre pays démocratiques. C’est un problème qu’on ne peut occulter, et qui dépasse les seuls contenus illicites (droit commercial, respect de la vie privée, etc.).

Mais, là encore, le prix à payer pour répondre à ce problème ne risque-t-il pas d’être trop grand ?

Si une démocratie parvient à imposer à un site Web, installé dans une autre démocratie, l’application de sa propre loi, qu’est-ce qui interdira que n’importe quel pays (et en particulier non démocratique) ne fasse appliquer ses propres lois à n’importe quel site dans le monde ? La réponse n’est pas simplement « oui » ou « non », blanc ou noir, tout ou rien ; dans tous les cas, une réponse expéditive serait dangereuse.

N’y a-t-il pas, en particulier, le risque de renoncer ainsi officiellement à l’universalité, principe qui fonde toutes nos démocraties ? (La démocratie n’a pas vocation à se limiter à quelques « happy fews », mais à concerner tous les hommes de la planète.) Pour se protéger, en France, contre quelques centaines de sites illicites, on renoncerait à ce que des centaines de milliers d’autres sites, portant l’exemplarité de la démocratie, n’atteignent plus les nations en manque de démocratie ?

Le fichage systématique

La solution proposée (InfoSplit et autres) revient à identifier géographiquement le visiteur des sites (et de Yahoo en particulier). Ainsi Yahoo proposerait une version légalement censurée aux visiteurs français, et une version complète à ses visiteurs américains.

Méthode dont l’inefficacité technique est flagrante. Mais elle ouvre déjà la porte au fichage systématique des utilisateurs. On se bat d’un côté pour que les grandes entreprises de l’internet respectent notre vie privée, d’un autre côté il faudrait leur imposer des moyens d’obtenir et de conserver des informations sur nous. Dangereuse contradiction.

D’autant que le débat, face à l’inefficacité technique des systèmes actuels, a rapidement dérivé sur le « besoin » d’une identification absolue des internautes. On évoque par-ci par-là une « carte d’identité internet », seul moyen pour être absolument certain de fournir la bonne information à la bonne personne. Imaginez que l’on vous demande vos papiers lorsque vous achetez le journal.

Des implications démocratiques importantes

De fait, toute l’affaire Yahoo dépasse largement le cadre de la seule chasse aux nazis en ligne. Elle porte en elle, par les méthodes et les propos extrêmes, et par ses implications juridiques et techniques, des limitations importantes à l’exercice de la vie démocratique.

Or nous assistons déjà à une vaste révolution ultralibérale, que beaucoup considèrent comme la principale menace contre nos démocraties et la cohésion sociale. Et l’internet, privé de la participation active des citoyens, ne serait plus qu’un « cheval de Troie » de ce néolibéralisme. La résistance démocratique ne passe donc pas uniquement par la chasse aux extrêmistes, mais aussi par l’accès et la participation de tous aux processus démocratiques. Et l’internet pourrait être, dans ce cadre, un puissant outil de cohésion, un revigorant du contrat social qui fonde nos sociétés.

Tel est le débat. Que les néonazis, antisémites et autres négationnistes soient pourchassés, tant mieux. Mais si, pour cela, il faut sacrifier une aussi importante avancée démocratique qu’est le réseau, voilà qui mérite une autre discussion qu’un simple procès, et d’autres arguments que des amalgames et des raccourcis insultants.

Nous revoici revenus au point Godwin : pour tuer une discussion, aussi vitale soit-elle, traitez votre interlocuteur de fasciste, et vous en aurez terminé des débats. L’UEJF et la Licra semblent n’avoir eu de cesse de refuser les véritables débats sur leur action, et d’entraîner systématiquement les discussions vers l’indicible, là où l’affectif et le véhément l’emportent sur la raison.

Mais, vieille tradition des newsgroups, on considère que celui qui provoque le point Goldwin a déjà perdu.
maverick
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Message  Indians Dim 24 Aoû - 17:01

Hello cheers


Source ............... http://www.uzine.net/article129.html
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