Social - Il ne faut pas chercher François Chérèque

[maverick]

Dans un livre à paraître, le secrétaire général de la CFDT revient sur ses rapports avec Nicolas Sarkozy.
François Chérèque a toujours affiché une volonté forte de dissocier l’action syndicale et l’action politique. Dans son ouvrage à paraître le 3 septembre intitulé Si on me cherche (Albin Michel), les récits qu’il livre de ses rencontres avec le candidat puis le président Sarkozy éclairent d’un jour nouveau les rapports entre les deux hommes. Dans son récit, dont le site de L’Express a publié hier les bonnes feuilles, François Chérèque décrit des entretiens en tête à tête auxquels il se prépare « comme un sportif avant un match » et dont il ressort « généralement épuisé et incapable de dire ce qu’il a mangé ». Le Président y apparaît comme un homme « facétieux », qui cherche à instaurer avec son interlocuteur une relation de confiance voire de familiarité, en tentant par exemple dès leur première rencontre de le tutoyer et de l’appeler « François » ou en lui faisant plus tard « des confidences, par exemple sur sa souffrance à propos de l’affaire Clearstream. »

Privatisation d’EDF
Le secrétaire général de la CFDT se présente, lui, comme refusant ce mélange des genres, de même qu’il refuse les échanges de bons procédés proposés par celui qui est alors ministre de l’Economie et des Finances lors d’un entretien à Bercy en avril 2004. Nicolas Sarkozy lui aurait alors demandé d’appuyer la privatisation partielle d’EDF-GDF. « La CFDT pourra me demander ce qu’elle voudra, en échange d’un soutien sur ce dossier. » François Chérèque en profite pour tacler au passage son principal adversaire pour les prud’homales du 3 décembre, la CGT, dont il accuse la branche énergie d’avoir accepté le deal.


Amnistie pour l’UIMM
Mais c’est au sujet de l’UIMM que les affirmations de François Chérèque se font les plus graves. Lors d’un entretien en octobre 2007, alors que l’affaire vient d’éclater, le Président aurait affirmé au syndicaliste : « Bien entendu, il faudra passer par une loi d’amnistie, comme ça a été le cas pour les hommes politiques avant la loi sur le financement public des partis. » François Chérèque se dit « choqué » et interprète : « En fait, il me tend une perche au cas où la CFDT aurait pu déraper. » Le conseiller du président Raymond Soubie aurait alors insisté, selon lui, en insinuant que « le nom d’un militant de la CFDT pourrait apparaître dans cette affaire. » Coup de bluff ou vraie proposition ? Le leader CFDT affirme en tout cas avoir répondu que « la justice passe [rait] ». Depuis, l’affaire des caisses noires du patronat a pris l’ampleur d’un scandale. Aucune amnistie n’a pour l’instant eu lieu.