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Coluche & co

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Message  maverick Sam 18 Oct - 12:11

Coluche & co
Vingt-deux ans après sa mort, Antoine de Caunes consacre un film à son année politique. Avec un François-Xavier Demaison époustouflant dans le rôle du clown triste.


Souvenirs souvenirs



Antoine de Caunes « J’ai eu un seul contact professionnel avec lui en 1984 pour “Les enfants du rock”. Il interprétait une chanson enregistrée dans le studio de Ramon Pipin. Sinon, j’étais passé un soir, chez lui, rue Gazan, à l’occasion d’une fête et, malgré le joyeux ¬bordel qu’on peut imaginer, j’avais détesté l’expérience. L’ambiance a été parfaitement décrite par Pierre ¬Desproges dans un texte où il compare l’endroit à la cour de Louis XIV. Des dizaines de gens, connus ou pas, faisaient la queue pour défiler devant Coluche. C’était l’endroit où il fallait être vu, être photographié. D’ailleurs, le soir où il a reçu son César pour “Tchao pantin”, la fête officielle se déroulait bien au Fouquet’s mais la vraie, celle où tout le monde se rendait, c’était rue Gazan. »



François-Xavier Demaison « Je ne l’ai jamais vu sur scène. J’avais 8 ans quand il s’est déclaré candidat à l’élection présidentielle. Je me souviens juste que ma mère le trouvait vulgaire (elle a changé d’avis), alors que mon père, issu d’un milieu plus populaire, l’adorait sans restriction. Mon père et ses 110 kilos c’est un peu Coluche, d’ailleurs. Il arrive chez vous et il vous dit : “Bon, alors on s’asseye, on s’asseye !” Il m’a élevé au biberon des vannes coluchiennes et a été évidemment terrifié pour moi en apprenant que je devais incarner son idole. Depuis ça va mieux. »



C’est l’histoire d’un film...



Antoine de Caunes « J’ai souhaité réaliser une fiction, pas un documentaire, pas une hagiographie pour faire plaisir aux gens qui étaient proches de Coluche à cette époque. Je les ai rencontrés tous, chacun détient sa vision du personnage. J’écoutais, je les laissais parler, le sentiment général m’intéressait plus que les détails. Cette somme d’informations est ensuite passée au tamis de mon propre point de vue. Le principe du “biopic” ayant été évacué immédiatement, ce qui m’a passionné c’est l’histoire du bouffon qui a voulu devenir roi et qui s’est brûlé les ailes en se présentant à l’élection présidentielle de mai 1981. Evidemment, il est moins simple de tourner un film sur cette période, le terrain est forcément miné. Séparation, pressions politiques, menaces, drogues, déprime : toute la dramaturgie tourne autour du fait qu’il s’agit d’un artiste arrivé au sommet de la gloire et qui va plonger après avoir affronté une crise aiguë dans sa vie professionnelle et personnelle. J’ai fait cette comédie qui finit mal parce que je l’aime, parce que j’ai du respect pour lui. Mon but ? Qu’en sortant du film, les spectateurs soient tombés amoureux d’un être humain nommé Coluche. » François-Xavier Demaison « Je suis parti d’une volonté de faire revivre ce mec qui manque à la France entière. Aujourd’hui, on ne peut plus rien faire dans ce pays. On ne peut plus baiser, on ne peut plus boire, on ne peut plus fumer, on ne peut plus conduire et personne ne la ramène, personne ne fulmine contre ce carcan qui nous étouffe. Il ne se passe pas une semaine sans que quelqu’un me dise : “Ah, si Coluche était là !” Et c’est vrai : s’il était là, lui dirait quelque chose. Je trouve que dans ce sens c’est un film militant. »



A chacun son Coluche



Antoine de Caunes « Avec les Restos du cœur, il est devenu une icône, un saint laïque et je me méfie toujours des saints, des vrais comme des faux. Heureusement, Michel Colucci était un personnage bien plus complexe que cela, à la fois d’une générosité invraisemblable, d’un altruisme réel et en même temps il pouvait être caractériel, odieux. Concernant la cyclothymie du bonhomme, tous les témoignages se recoupent. Mais c’est justement dans l’alchimie des deux faces, brillante et sombre, que réside son intérêt. Faire de Coluche un nouvel Abbé Pierre ne m’intéressait pas. »



François-Xavier Demaison « Pour le comprendre, il a fallu d’abord que je décode son énergie, c’est ce qui m’a permis de tout débloquer. C’est un type qui ne respire pas très bien, qui parle du ventre. Le ventre meut tout le reste. J’ai découvert l’économie de moyens qui permet de faire le spectacle en permanence, une gestuelle très féminine comme empruntée à la reine d’Angleterre et à Elizabeth Taylor. Plus j’avançais dans cette exploration du personnage plus il m’apparaissait au grand jour. J’aurais aimé le connaître, j’en pleurais parfois de rage. Il y a une intimité charnelle qui s’est créée entre nous, jusqu’à regarder sa peau sur des films ou des photos et avoir envie de la toucher, de la sentir. C’est émouvant. J’ai l’impression que cette expérience m’a beaucoup apporté sur le plan humain. Elle a bouleversé ma personnalité. J’ai conservé sa bonhomie comme s’il me l’avait offerte. Aujourd’hui, je vais plus vers les autres et de fait, les gens me trouvent beaucoup plus sympathique qu’avant. »



Coluche dans la peau



Antoine de Caunes « Les musiciens de Coluche ont accompagné François-Xavier pour les scènes de spectacle. Un moment surréaliste pour eux qui ne savaient plus s’ils étaient revenus trente ans en arrière.... il était littéralement habité. Gérard Prévost, son bassiste et le “Gérrrard !” des sketches, a eu alors cette phrase sublime : “C’est le gros dans la peau d’un autre”. »



François-Xavier Demaison « Quand le tournage s’est achevé, le 19 janvier, j’ai accusé le coup. Il y avait la fatigue, le sentiment d’être allé jusqu’au bout après des mois de travail, mais surtout un énorme manque, une angoisse terrible, un deuil à vivre. J’avais l’impression d’avoir perdu un pote. Il ne me restait plus que l’enveloppe des 15 kilos en trop. Pendant le tournage, Coluche la remplissait, ensuite il a fallu que je me débrouille seul. C’est difficile la vie sans lui. »
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