Fillon, Darcos et Dati : retour mouvementé sur les bancs de l'école

[maverick]

Selon l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), les deux-tiers des jeunes scolarisés de 14 à 19 ans déclarent connaître un endroit où se procurer du cannabis. L'établissement scolaire arrive en tête. Alors face à ce constat, François Fillon, accompagné de Rachida Dati et de Xavier Darcos, s'est rendu hier matin (2/06) dans un lycée du XIVème arrondissement de Paris pour parler lutte contre la drogue. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que les membres du gouvernement n'étaient pas les bienvenus, le volcan de protestations contre les 12 000 suppressions de postes dans l'éducation nationale à la rentrée prochaine n'étant pas encore tout à fait endormi. Plus d'une centaine de lycéens et de parents d'élèves ont essayé de manifester leur désaccord avec ce qu'ils estiment être une "mise en scène" et une "provocation". Mal leur en a pris puisque plusieurs dizaines de gendarmes mobiles se sont interposés. L'un d'eux a été blessé à la main avec un couteau. Trois lycéens ont été violemment interpellés. Et à ceux qui leur reprochaient de troubler par leur visite la tranquillité du lycée, Xavier Darcos a répondu que "venant de personnes qui ont organisé pendant trois mois la confusion dans les établissements, c'est presque comique". Toujours aussi droit dans ses bottes le ministre.

Voici l'interpellation d'un lycéen qualifié de "meneur" par les forces de l'ordre. L'ado n'est pas épais et ce sont deux gendarmes qui l'écrasent au sol. Il les insulte copieusement.


Fillon, "connard" et "abruti"

► Nicolas Sarkozy était furieux de la visite de son "collaborateur" dans un lycée le jour où il recevait des cadres de l'éducation nationale pour leur parler de sa volonté de créer un lycée "plus souple". "Mais quel connard, ce Fillon. Faire ça le jour où j'interviens sur les lycées. Il a voulu me griller. Les journaux télévisés ne retiendront que les images des ministres encadrés par des gendarmes. Il n'est même pas capable d'organiser convenablement ses déplacements et, en plus, comme il a la trouille, il fait donner les flics. Quel crétin ! Quel abruti !" . (le Canard Enchainé du 4/06).

► "Le gouvernement a décidé de faire de la lutte contre la toxicomanie une priorité aussi forte que celle qui a été décrétée contre la violence routière ou pour lutter contre les effets du tabagisme". C'est ce qu'a déclaré François Fillon après sa visite. Les principaux axes avancés par le gouvernement sont le renforcement des contrôles et des sanctions, le développement des structures de soins et "l'idée d'intégrer les soins le plus tôt possible", sans oublier "une coordination beaucoup plus importante au plan européen", qui fera l'objet d'une initiative pendant la présidence française de l'Union européenne au second semestre. (lefigaro.fr)

► "Madame et messieurs les ministres vous n'êtes pas les bienvenus..." Ainsi commence la lettre ouverte de la communauté scolaire de Paul Bert adressée aux ministres. (nouvelobs.com)

9h30

► La nouvelle de l'arrivée des ministres se répand comme une trainé de poudre. Bousculades : les gendarmes empêchent l'accès au lycée aux lycéens.

9h40

► Le ton monte. Un gendarme est blessé à la main. Trois lycéens sont embarqués au commissariat. Ils seront libérés entre midi et 15h. Leur dossier est transmis au parquet.

9h45

► Arrivée des ministres sous les hués et au cris de : "Dehors les guignols qui ouvrent des prisons et ferment les écoles !".

10h45

► Les ministres quittent le lycée sous bonne escorte. Une cinquantaine de lycéens vont au commissariat pour "libérer leurs camarades". Ca ne vous rappelle rien ?

Plongée au cœur de la cohue grâce à un lycéen qui filme avec son téléphone portable.



Une lycéenne raconte ce qu'elle a vécu :


"Soudainement me semble-t-il, tranchant avec le calme des lycéens assemblés sous la pluie, une rangée de CRS se déploie, boucliers brandis devant nous pour nous forcer à reculer. Devant eux, les lycéens résistent, restent immobiles, refusent de reculer. Comment dire cela ? Soudain, les CRS se mettent à charger, enfonçant les rangs des lycéens, qui ne représentaient pourtant ni une menace, ni un obstacle bien solide pour eux. Derrière les premières lignes, rudement atteintes par les boucliers des CRS, nous reculons, téléphones portables et appareils photos levés très haut pour filmer cet instant. Un jeune homme, empoigné par un CRS, est plaqué contre une voiture. Une femme, portant sur la poitrine un autocollant de la FCPE, se jette entre eux en hurlant. Une jeune fille lance sur le CRS le contenu d’une bouteille d’eau. Derrière moi, un policier l’appelle, d’une voix neutre : "Vous voulez bien me suivre, mademoiselle ?" Un autre garçon, handicapé, est frappé au visage. Au CRS, "devenu dingue" et particulièrement violent, selon plusieurs témoignages, et qui l’accuse de l’avoir provoqué en lui donnant un "coup de boule" (sic), celui-ci répond : "Je suis handicapé, j’ai un oeil de verre !". Le policier s’acharne. De nombreuses vidéos réalisées par les lycéens montrent ce jeune homme, le visage ensanglanté."

[serga]

Excellent reportage qui montre bien le caractère policier du nouveau Régime Sarkosy !