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Hervé Morin sanctionne à Carcassonne, et nulle part ailleurs

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Hervé Morin sanctionne à Carcassonne, et nulle part ailleurs Empty Hervé Morin sanctionne à Carcassonne, et nulle part ailleurs

Message  maverick Ven 4 Juil - 23:47

Un premier volet de sanctions internes a été annoncé ce soir par le ministre de la défense Hervé Morin dans un communiqué qui se base sur le fait que " les premiers éléments de l'enquête de commandement font apparaître des dysfonctionnements graves dans le respect des règlements portant sur le contrôle des munitions. " Le ministre suspend de leur fonction cinq officiers : " le chef de corps ayant organisé l'activité et quitté le commandement du régiment le 28 juin, le commandant en second, le chef du bureau de la maintenance et de la logistique, ainsi que les deux officiers des groupes de commandos parachutistes du 3ème RPIMa ".

Il prend une mesure technique consistant à " dissoudre " deux GCP (groupes de commandos parachutistes) du 3ème RPIMa, " avec pour objectif de les reconstituer à compter du 1er septembre sur des bases renouvelées."

Ces mesures inspirent plusieurs commentaires :

1) Hervé Morin évoque le seul problème du contrôle des munitions, alors que la pratique d'activités de type militaire dans une foule de civils, sans conscience du danger, paraît au moins aussi grave.

2) la suspension de fonctions n'est pas une mesure disciplinaire, et si elle n'est certainement pas agréable pour la personne touchée, n'en représente pas moins le minimum auquel on pouvait s'attendre .

3) il n'y a pas d'annonces de sanctions contre les " lampistes ", puisque les membres du GCP seront sans doute reversés dans d'autres unités.

4) les sanctions demeurent cantonnées au régiment. A l'Elysée, on évoquait en privé mardi, après la démission du général Bruno Cuche, d'éventuelles " autres décisions " concernant la chaîne de commandement. On peut en conclure que l'acte du général aura sauvé des têtes autres que celle du colonel Frédéric Merveilleux du Vignaux, qui commandait le 3ème RPIMa jusqu'à la veille du drame.

Le général Cuche : volontiers démissionnaire, ou démissionné volontaire ?

Le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, et à ce titre premier des militaires français, s'est exprimé longuement ce matin au micro de Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, à propos du drame de Carcassonne et de la démission du général Bruno Cuche, chef d'état-major de l'armée de terre. Rappelons que, selon la version rapportée au Point par des proches du général Bruno Cuche, le président de la République Nicolas Sarkozy aurait lancé au général en pointant son doigt vers lui : "Vous êtes tous des irresponsables, pas des professionnels !"

Selon le journaliste Jean-Dominique Merchet, qui anime un blog sur le site du quotidien Libération , Sarkozy aurait plutôt déclaré : "Vous êtes des amateurs ! Vous n'êtes pas des professionnels." Mais les propos présidentiels auraient été mal rapportés aux journalistes, car, affirme le général Georgelin, le Président "ne s'est pas adressé ni au général Cuche personnellement ni à l'ensemble des armées". Avec un discours aux mots très semblables, plusieurs intervenants se sont élevés depuis mardi contre les interprétations de ce propos tenu à voix très basse au général Cuche, qui a été le seul à les entendre. Pour le ministre de la Défense Hervé Morin, "ce qu'a visé le président de la République, ce n'était pas l'institution. [Il entendait] tirer les conséquences d'un fait divers sur le contrôle et la restitution des armes et des munitions". Et Jean-Louis Georgelin d'enfoncer le clou ce matin à propos de Carcassonne : "Cette affaire est inadmissible. C'est effectivement un comportement d'amateurs, et on doit la juger avec la plus grande sévérité." Le président de la République appréciera ce renfort de la garde. Par ailleurs, sur la démission du général Cuche dont l'intéressé lui-même jure qu'elle ne relève que de sa propre décision, le général Georgelin est plus... nuancé : "Ça s'est fait dans son cheminement à lui, puis dans mon bureau." Traduction : il me l'a proposée, je l'ai acceptée. Et il l'a ensuite présentée au ministre, puis au Président. Autre version du "je décide, il exécute".

Surtout, le chef d'état-major des armées prétend que la démission de son subordonné est exclusivement liée au drame de Carcassonne, et pas du tout à un malaise des armées qui, comme chacun l'aura compris, est une invention de journalistes : "Je regrette l'amalgame entre cette affaire et le reste, qui n'a rien à voir !" "Le reste", rappelons-le, n'est autre que la publication du Livre blanc le 17 juin, et le retard dans les annonces des mesures de restructuration que les armées appellent souvent de leurs voeux, et qui ont été annoncées d'abord pour le 19 juin, puis sans cesse repoussées. On parle désormais de fin juillet. Notre conviction, rappelons-le, c'est que l'affaire de Carcassonne n'aurait pas provoqué la démission du chef d'état-major de l'armée de terre, si le contexte de malaise n'était pas celui qui prévaut aujourd'hui. Quelques événements récents, qui sont tout autant liés à l'"amateurisme", et tout autant "inacceptables et inexcusables" n'ont provoqué aucune démission de chef d'état-major, ni aucune déclaration tonitruante des autorités politiques ou militaires.

Les armées ne se sont pas senties associées

Le 6 mai 2007, le crash d'un avion Twin Otter de l'armée de l'air dans le Sinaï entraîne la mort de huit militaires français et d'un soldat canadien. Le bureau enquête-accident de l'armée de l'air évoquera dans un délicat euphémisme une "erreur humaine". Il y a eu mort d'hommes, et le chef d'état-major de l'armée de l'air a-t-il démissionné ? Non...

Dans le décès tragique de deux saint-cyriens (un Nigérien et un Togolais), en janvier 2004 au cours d'un stage dans les Alpes, l'enquête de commandement militaire a conclu à une "succession malencontreuse d'erreurs d'appréciation", ce qu'un journaliste féru d'amalgames pourrait certainement traduire par "amateurisme". Il y a eu mort d'hommes, et le chef d'état-major de l'armée de terre a-t-il démissionné ? Non...

Nous avons d'autres exemples, mais l'énumération serait fastidieuse. Ne reprenons que celui-ci : le 12 novembre 2007, un soldat du contingent français de la Finul au Liban est tué et un autre est blessé par le tir "accidentel" d'un fusil Famas. Version dont il est permis de douter, dès lors que le tireur a été puni, chassé de l'armée, et poursuivi par la justice. Un "accident", vraiment ? Il y a donc eu mort d'homme et le président Nicolas Sarkozy ne s'est pas indigné, pas davantage que le chef d'état-major de l'armée de terre Bruno Cuche n'avait alors démissionné. Pourquoi ? Parce que le contexte était différent...

Le Livre blanc est une oeuvre nécessaire. La réduction du format des armées aussi, sans doute. De nombreux cafouillages, des rumeurs mal gérées, de sérieuses maladresses aussi dans la communication politique, font que les armées - mis à part leurs chefs - ne se sont pas senties associées à ces projets. Au point que de méchants racontars affirment contre l'évidence que les militaires n'auraient pas participé à l'élaboration du Livre blanc, ce qui est faux. N'empêche que c'est un élément du malaise. Un autre élément, c'est que la vie quotidienne des militaires, à qui le gouvernement a pourtant promis des augmentations de soldes, ne s'arrange pas. Un détail fait actuellement très mal, dont le président Sarkozy n'a pas conscience ni sans doute même pas connaissance. Le grand chambardement annuel des militaires, le PAM (Plan annuel de mutations) se traduit par des milliers de déménagements d'officiers et de sous-officiers. De nouvelles conditions financières font que ces déménagements qui étaient jusqu'à présent pris en charge par les armées ne le sont plus que partiellement. Et les militaires doivent désormais mettre de leur poche des centaines voire plus d'un millier d'euros, et le vivent très mal. Détail ? Pas si sûr... De même, il est pratiquement acquis qu'un système avantageux permettant aux commandants et aux lieutenants-colonels de partir en retraite avec la pension du grade supérieur, connu sous le nom d'"article 5", sera aboli dès la fin de cette année sur décision du ministère du Budget. Cette logique purement financière a sans doute ses raisons. Mais comme des dizaines d'autres, elle participe à un malaise qui s'aggrave, n'en déplaise. Si telle n'avait pas été la situation, si le moral de l'armée de terre n'avait pas été si mauvais bien avant l'affaire de Carcassonne, la démission du général Bruno Cuche n'aurait pas été acceptée, si elle avait été présentée.
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