Des numéros hors de prix

[maverick]

Des numéros hors de prix

A Abou Dhabi, une plaque minéralogique portant un numéro recherché peut atteindre plusieurs millions d’euros aux enchères.

Le flot des pétrodollars provoque un afflux de richesse dans le Golfe. Selon le dernier rapport de Capgemini et Merrill Lynch sur la richesse mondiale, pas moins de 79 000 Emiratis possédaient l’an dernier une fortune nette (hors résidence principale) supérieure au million de dollars, soit 14 % de plus que l’année précédente – ce qui provoque un retour en force des modes de consommation ostentatoires. Les ventes de Ferrari au Moyen-Orient, par exemple, ont fait un bond de 32 % en un an. Mais une voiture coûteuse ne suffit plus. Il est désormais indispensable d’avoir une plaque d’immatriculation portant un numéro remarquable.
Les autorités de plusieurs émirats ont choisi d’organiser une vente aux enchères. A Abou Dhabi, Abdullah ­Al-Mannaeï a été chargé par le ministère de l’Intérieur de mettre à prix une centaine de plaques chaque mois. Les dix ventes organisées à ce jour ont rapporté 75,5 millions d’euros pour un total de 900 pièces.
Il y a quelques mois, l’homme d’affaires Saïd Khouri, âgé de 25 ans, a déboursé l’équivalent de 8,8 millions d’euros pour acheter une plaque affichant le chiffre 1, acquisition qui lui a valu de figurer dans le Guinness des records. Son cousin courtier, Talal Khouri, 35 ans, a quant à lui payé 5,6 millions d’euros pour le 5. Si, tradi­tionnellement, les Emiratis ne manifestent pas la même passion pour les chiffres que les Chinois, les petits numéros sont tout de même très populaires, tout comme ceux qui reprennent le numéro d’un modèle de voiture de luxe. Le frère du courtier Talal Khouri a ainsi payé un peu plus de 75 500 euros pour doter sa Ferrari F-430 d’une plaque 430, l’automobile ayant elle-même coûté 113 000 euros.
La famille Khouri, qui a fait fortune à la Bourse et dans l’aménagement foncier, est l’un des principaux acteurs de ce marché. Talal, dont la Rolls porte le numéro 5, détient également le 55 et le 55555. Lorsque Saïd a acheté le numéro 1, c’était un beau coup pour la famille, se souvient Hamdan, son frère cadet. “Nous avons de la chance. Nous avons assez d’argent pour ­acheter tout ce que nous voulons. Nous voulons être les meilleurs.” Pour sa Land Rover, Hamdan convoite le 494, qui figure dans son adresse électronique Hotmail. Il a commandé une Ferrari F-149, dont la commercialisation ne commencera qu’en 2009. Mais un cousin lui a déjà piqué le 149.