Il transforme les déchets en or
Page 1 sur 1
Il transforme les déchets en or
Huile de moteur, pneus et plastiques usés, rien n'échappe à Joël Picard. Quinze ans déjà qu'il fait du neuf avec du vieux. Son art de vivre? Le recyclage. L'homme en a même fait une usine, à Lillebonne, près du Havre. Son leitmotiv? "Le développement durable est rentable. Il est même inutile de chasser la subvention." Son plan d'action? Le lobbying constructif.
Quinze ans déjà que Joël Picard fait du neuf avec du vieux en recyclant des pneus, du plastique et des huiles de moteur. Vendredi, il fêtait plus d'une décennie d'un parcours atypique dans son usine de Lillebonne, près du Havre. Autodidacte, à 64 ans l'homme est un visionnaire doublé d'un franc-tireur qui se méfie toujours des banquiers, des centraliens et des polytechniciens. Avant de transformer des déchets industriels, il était "épicier", créant des grandes surfaces qu'il revend à la fin des années 1980 au groupe Leclerc. Assez cher pour devenir riche. Selon le classement du magazine Challenges, sa fortune atteint 71 millions d'euros aujourd'hui, en progression de 20% par rapport à 2007.
Une progression qui doit beaucoup à son nouveau business. "En 1993, j'ai acheté la raffinerie d'huile de moteur de Lillebonne qui était en faillite. Je connaissais l'administrateur judiciaire. Il n'en demandait que 500 000 francs." Aujourd'hui, l'usine n'est qu'une pièce d'un puzzle de onze sites européens coiffés par Aurea, une société cotée à la Bourse de Paris. Au premier semestre 2008, Aurea affichait un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros, en hausse de 49 %. La stratégie de Joël Picard est astucieuse. Il repère des unités de recyclage d'huile, de pneus ou de PVC en complète déconfiture. Il investit pour les moderniser et les rentabiliser. L'industriel normand emploie 400 personnes. Il a tissé sa toile jusqu'en Pologne en passant par la Belgique et l'Allemagne. Dans le cas d'Eco Huile à Lillebonne, le leader français du traitement, il achète la matière première collectée dans les garages. L'usine filtre et régénère le liquide souillé puis le vend avec une marge confortable sous une marque distributeur. Les vieux pneus récupérés sont, eux, transformés en poudrette pour fabriquer des routes ou des terrains de sport. L'entrepreneur ajoutera bientôt piles et batteries à son portefeuille de déchets.
Un sou est un sou
Sa grande fierté est d'avoir réussi à marquer des points face à des géants de la propreté comme Veolia et Suez Environnement. Son leitmotiv: "Le développement durable est rentable. Il est même inutile de chasser la subvention." Et de compter sur le gouvernement. "L'Etat commet des erreurs. Il favorise l'enfouissement de déchets. Mais il paiera demain pour déterrer et traiter ces matières dangereuses." Quant au Grenelle de l'environnement, il s'agit d'"une occasion manquée": "Ne me dites pas que mettre en place un bonus-malus sur les voitures, donc une nouvelle taxe, est une idée révolutionnaire!" Joël Picard est adepte du lobbying constructif. Il collabore ainsi à la commission Reach aux côtés des fabricants de plastique pour renforcer les procédures de recyclage. Reach est un règlement européen sur les substances chimiques qui évalue près de 30.000 d'entre elles à des fins préventives.
Pour Joël Picard, le business vert doit avant tout rapporter. L'homme ne badine pas avec l'argent qu'il gagne. Un sou est un sou. Il habite Bruxelles pour payer moins d'impôts. Et ses employés lui offrent régulièrement des figurines de l'affreux Picsou. Pour moquer sa radinerie et son despotisme ? "Il n'aime pas le luxe, confirme avec tact un de ses proches. Il est génial, mais c'est le seul maître à bord."
Quinze ans déjà que Joël Picard fait du neuf avec du vieux en recyclant des pneus, du plastique et des huiles de moteur. Vendredi, il fêtait plus d'une décennie d'un parcours atypique dans son usine de Lillebonne, près du Havre. Autodidacte, à 64 ans l'homme est un visionnaire doublé d'un franc-tireur qui se méfie toujours des banquiers, des centraliens et des polytechniciens. Avant de transformer des déchets industriels, il était "épicier", créant des grandes surfaces qu'il revend à la fin des années 1980 au groupe Leclerc. Assez cher pour devenir riche. Selon le classement du magazine Challenges, sa fortune atteint 71 millions d'euros aujourd'hui, en progression de 20% par rapport à 2007.
Une progression qui doit beaucoup à son nouveau business. "En 1993, j'ai acheté la raffinerie d'huile de moteur de Lillebonne qui était en faillite. Je connaissais l'administrateur judiciaire. Il n'en demandait que 500 000 francs." Aujourd'hui, l'usine n'est qu'une pièce d'un puzzle de onze sites européens coiffés par Aurea, une société cotée à la Bourse de Paris. Au premier semestre 2008, Aurea affichait un chiffre d'affaires de 40 millions d'euros, en hausse de 49 %. La stratégie de Joël Picard est astucieuse. Il repère des unités de recyclage d'huile, de pneus ou de PVC en complète déconfiture. Il investit pour les moderniser et les rentabiliser. L'industriel normand emploie 400 personnes. Il a tissé sa toile jusqu'en Pologne en passant par la Belgique et l'Allemagne. Dans le cas d'Eco Huile à Lillebonne, le leader français du traitement, il achète la matière première collectée dans les garages. L'usine filtre et régénère le liquide souillé puis le vend avec une marge confortable sous une marque distributeur. Les vieux pneus récupérés sont, eux, transformés en poudrette pour fabriquer des routes ou des terrains de sport. L'entrepreneur ajoutera bientôt piles et batteries à son portefeuille de déchets.
Un sou est un sou
Sa grande fierté est d'avoir réussi à marquer des points face à des géants de la propreté comme Veolia et Suez Environnement. Son leitmotiv: "Le développement durable est rentable. Il est même inutile de chasser la subvention." Et de compter sur le gouvernement. "L'Etat commet des erreurs. Il favorise l'enfouissement de déchets. Mais il paiera demain pour déterrer et traiter ces matières dangereuses." Quant au Grenelle de l'environnement, il s'agit d'"une occasion manquée": "Ne me dites pas que mettre en place un bonus-malus sur les voitures, donc une nouvelle taxe, est une idée révolutionnaire!" Joël Picard est adepte du lobbying constructif. Il collabore ainsi à la commission Reach aux côtés des fabricants de plastique pour renforcer les procédures de recyclage. Reach est un règlement européen sur les substances chimiques qui évalue près de 30.000 d'entre elles à des fins préventives.
Pour Joël Picard, le business vert doit avant tout rapporter. L'homme ne badine pas avec l'argent qu'il gagne. Un sou est un sou. Il habite Bruxelles pour payer moins d'impôts. Et ses employés lui offrent régulièrement des figurines de l'affreux Picsou. Pour moquer sa radinerie et son despotisme ? "Il n'aime pas le luxe, confirme avec tact un de ses proches. Il est génial, mais c'est le seul maître à bord."
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum