Le gouvernement veille (un peu trop) sur les blogueurs
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Le gouvernement veille (un peu trop) sur les blogueurs
Le gouvernement veille (un peu trop) sur les blogueurs
Le Service d'Information du gouvernement a lancé un appel d'offres
auprès de sociétés privées afin d'assurer la veille du traitement de
l'actualité gouvernementale sur les médias en ligne. A la grande
inquiétude de certains blogueurs.
L'information a déjà été relevée par plusieurs blogueurs. Selon un
appel d'offre publié au Journal Officiel, le Service d'Information du
Gouvernement propose entre 20 000 et 130 000 euros pour la fourniture
d'une veille quantitative et qualitative sur le traitement de
l'actualité gouvernementale par les médias en ligne (sites
d'informations et blogs de journalistes). La veille devrait porter sur
15 thèmes définis dans un corpus d'une cinquantaine de sites.
Le SIG souhaite recevoir un rapport hebdomadaire de tout
ce qui se dit et s'écrit au sujet du gouvernement sur les sites en
question. A priori, rien de mal à ça, les services de communication
publique ou privée sont toujours adossés à un service de veille
d'information.
L'an passé c'est la société Watch, le département de veille conseil de TBWA Corporate
consacré aux phénomènes d'opinion qui avait remporté l'appel d'offres
sur l'action gouvernementale dans les médias en ligne. La veille ne
concernait déjà qu'une cinquantaine de sites médias alors que la veille
des blogs était, elle, assurée en interne par le SIG.
Big brother contre les blogueurs
Cette année, c'est l'ensemble de la veille sur les médias on-line qui
sera assurée par des sociétés privées. L'information a suscité quelques
débats dans la blogosphère. D'aucuns décèlent une tentation
gouvernementale de surveiller les blogueurs. Alain Joannes du blog Journalistiques y voit déjà la malveillance du pouvoir: «
(…) considérée isolément, chaque amélioration du suivi de la production
journalistique par les organes spécialisés du pouvoir politique semble
bénigne. Mais entre le conseil sollicité en 2006 et les améliorations
successives de 2008, il y a une énorme différence: en 2006, le SIG
cherchait à améliorer la communication gouvernementale; en 2008, il
s'agit au mieux d'une veille sur la réputation de la marque «
Gouvernement » au pire d'une surveillance de plus en plus serrée des
journalistes ».
La démonstration n'est guère
convaincante. En quoi un travail d'observation régulier d'outils
d'information en accès public comme les blogs relèverait-il de la
surveillance, voire d'un travail de renseignement ?
Alain Joannes se fait plus pertinent lorsqu'il écrit que «
Nicolas Sarkozy n'a aucun souci à se faire du côté de la presse
traditionnelle. Cet euphémisme désigne les relations personnelles que
le chef de l'Etat entretient avec les patrons des groupes privés et,
bientôt, avec celui du service public, qu'il nommera lui-même en toute
indépendance. Mais il a du souci à se faire avec des publications en
ligne qu'il ne contrôle pas - Mediapart, rue89, Backchich, voire Le
Post - et qui, à l'instar du Canard enchaîné, sortent des affaires
déplaisantes, que la presse traditionnelle est parfois obligée de
reprendre ».
Une cellule opérationnelle de communication
Les priorités du Service d'Information du Gouvernement définies par son
nouveau directeur, le publicitaire Thierry Saussez, un proche de
Nicolas Sarkozy, vont dans ce sens.
Plus qu'un système de surveillance, le SIG entend
développer les capteurs, outils d'étude de l'opinion et de
communication sur Internet. Des moyens adaptés à la démarche plus
opérationnelle que veut lui donner l'Elysée pour en faire une véritable
plate-forme stratégique de communication. Une évolution qui marque la
prise de conscience qu'au plus haut niveau de l'Etat le quatrième
pouvoir se décline désormais aussi en «.fr».
Mardi 28 Octobre 2008 - 08:41
coal- Messages : 2424
Date d'inscription : 23/02/2008
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